Le chapitre introductif est ambitieux: il présente la dimension raciale du capitalisme comme un vecteur de domination séparé (mais concomitant) à la classe. La race est construite (via notamment le Code Noir en France coloniale), dans la mesure où il s'agit d'une modalité d'extraction du travail par le capital, et de l'exercice de sa domination.

Un phénomène très intéressant que souligne l'autrice: il n'existait initialement pas de solidarité "blanche" dans les colonies. Ce qu'elle va appeler le "pacte racial", c'est que la bourgeoisie coloniale va mettre en place avec les prolétaires blancs des colonies: des conditions de vie suffisamment meilleures que les esclaves, doublés de la construction d'un alter noir, pour briser cette solidarité de classe.

Elle précise également dans le livre les deux dimensions du racisme, faces d'une même pièce: le racisme "naturaliste", qui repose sur des bases ethniques, et le racisme que j'appellerais "convenable": c'est considérer que l'indigène peut dépasser sa condition et s'élever (le pendant de la mission civilisationnelle du racisme). Elle lie ça au racisme paternaliste libéral, mais j'ai un peu moins compris cette partie.